Pilote avant Pilote, la naissance d’un journal mythique
DES BULLES SOUS LES BOULES (13). À l’approche des fêtes, zoom sur une série d’albums, beaux livres ou intégrales, à mettre sous le sapin où pour se faire plaisir. Avec ici un livre d’histoire dévoilant la genèse d’un titre mythique associé à la bande dessinée : Pilote, « le journal qui s’amusait à réfléchir ».
Par Daniel Muraz Publié: 11 Décembre 2024 à 12h08 Temps de lecture: 1 min Partage :
Pilote, la naissance d’un journal, Patrick Gaumer, Christian Kastelnik, Michel Lebailly, Clément Lemoine. Éditions de La Déviation, 320 pages, 50 euros. (parution 23 avril 2024).
Pilote demeure un nom mythique dans le monde de la bande dessinée, celui d’un magazine qui a fait évoluer le genre, étape essentielle entre la presse purement enfantine qui l’a précédé et celle plus adulte qui va suivre. Aussi mythique que son patron de la rédaction tutélaire, René Goscinny. On se souvient des héros qui y apparurent, comme Blueberry, Achille Talon ou le Grand Duduche de Cabu. Puis, de l’explosion des cadres traditionnels, après mai 68, à travers Loane Sloane de Druillet, Philémon de Fred, la Rubrique-à-brac de Gotlib ou Valérian et Laureline de Christin et Mezières.
Pilote avant Pilote
On connaît en revanche moins François Clauteaux, Jean Hébrard, Raymond Joly ou René Ribière. Des personnalités très diverses, dont les biographies parsèment le livre quand elles n’en constituent pas la trame, s’agissant par exemple de François Clauteaux. Des personnes qui ne sont pas passées à la postérité… Jusqu’à cet original ouvrage revenant moins sur l’histoire de l’hebdo que sur la genèse de toute cette aventure de presse et ce qui a précédé la naissance du magazine. Pilote avant Pilote, donc.
Pilote, la naissance d’un journal, Patrick Gaumer, Christian Kastelnik, Michel Lebailly, Clément Lemoine. Éditions de La Déviation, 320 pages, 50 euros. (parution 23 avril 2024).
Pilote demeure un nom mythique dans le monde de la bande dessinée, celui d’un magazine qui a fait évoluer le genre, étape essentielle entre la presse purement enfantine qui l’a précédé et celle plus adulte qui va suivre. Aussi mythique que son patron de la rédaction tutélaire, René Goscinny. On se souvient des héros qui y apparurent, comme Blueberry, Achille Talon ou le Grand Duduche de Cabu. Puis, de l’explosion des cadres traditionnels, après mai 68, à travers Loane Sloane de Druillet, Philémon de Fred, la Rubrique-à-brac de Gotlib ou Valérian et Laureline de Christin et Mezières.
Pilote avant Pilote
On connaît en revanche moins François Clauteaux, Jean Hébrard, Raymond Joly ou René Ribière. Des personnalités très diverses, dont les biographies parsèment le livre quand elles n’en constituent pas la trame, s’agissant par exemple de François Clauteaux. Des personnes qui ne sont pas passées à la postérité… Jusqu’à cet original ouvrage revenant moins sur l’histoire de l’hebdo que sur la genèse de toute cette aventure de presse et ce qui a précédé la naissance du magazine. Pilote avant Pilote, donc.
Autant d’itinéraires et de destins que l’on découvre à travers 300 pages bourrées d’anecdotes, de documents originaux et d’informations pour la plupart inédits ou largement méconnus de cette saga, dont on apprend déjà que les racines remontent, non pas à la fin des années 1950 mais plutôt dans les années 30. Et s’il est bien question de bande dessinée, on parle aussi, voire tout autant de la presse, de finances, de la Résistance et de la collaboration, d’un enfant vedette ou de Zappy Maxe, de Radio-Luxembourg ou de l’Oréal…
Le rêve d’un gamin catholique
Tout commence donc avec François Clauteaux, jeune garçon évoluant dans le milieu catholique de l’entre deux-guerres, se passionnant très tôt pour la presse et qui, après d’autres expériences de presse, créa bien un journal « Pilote » en 1929 – dont le logo d’inspiration maritime est d’ailleurs reproduit dans les pages, parmi tant d’autres inédits. Il faudra donc finalement attendre près de trente ans pour que les étoiles s’alignent, que les rapprochements se fassent, que les groupes se forment, de la World’s presse de Georges Troisfontaines à l’aventure d’Edifrance ou l’on retrouve Goscinny et Charlier.
C’est donc les années 1958-1959 qui marquent le vrai départ du « Paris Match pour jeunes », ainsi qu’il était pensé par ses créateurs. Deux gros chapitres lui sont consacrés avec un maximum de documents originaux reproduits, dont – entre autres pépites – la reproduction intégrale des pages des numéros zéro et du mythique numéro 1 !
Pilote, la naissance d’un journal, Patrick Gaumer, Christian Kastelnik, Michel Lebailly, Clément Lemoine. Éditions de La Déviation, 320 pages, 50 euros. (parution 23 avril 2024).
Pilote demeure un nom mythique dans le monde de la bande dessinée, celui d’un magazine qui a fait évoluer le genre, étape essentielle entre la presse purement enfantine qui l’a précédé et celle plus adulte qui va suivre. Aussi mythique que son patron de la rédaction tutélaire, René Goscinny. On se souvient des héros qui y apparurent, comme Blueberry, Achille Talon ou le Grand Duduche de Cabu. Puis, de l’explosion des cadres traditionnels, après mai 68, à travers Loane Sloane de Druillet, Philémon de Fred, la Rubrique-à-brac de Gotlib ou Valérian et Laureline de Christin et Mezières.
Pilote avant Pilote
On connaît en revanche moins François Clauteaux, Jean Hébrard, Raymond Joly ou René Ribière. Des personnalités très diverses, dont les biographies parsèment le livre quand elles n’en constituent pas la trame, s’agissant par exemple de François Clauteaux. Des personnes qui ne sont pas passées à la postérité… Jusqu’à cet original ouvrage revenant moins sur l’histoire de l’hebdo que sur la genèse de toute cette aventure de presse et ce qui a précédé la naissance du magazine. Pilote avant Pilote, donc.
Autant d’itinéraires et de destins que l’on découvre à travers 300 pages bourrées d’anecdotes, de documents originaux et d’informations pour la plupart inédits ou largement méconnus de cette saga, dont on apprend déjà que les racines remontent, non pas à la fin des années 1950 mais plutôt dans les années 30. Et s’il est bien question de bande dessinée, on parle aussi, voire tout autant de la presse, de finances, de la Résistance et de la collaboration, d’un enfant vedette ou de Zappy Maxe, de Radio-Luxembourg ou de l’Oréal…
Le rêve d’un gamin catholique
Tout commence donc avec François Clauteaux, jeune garçon évoluant dans le milieu catholique de l’entre deux-guerres, se passionnant très tôt pour la presse et qui, après d’autres expériences de presse, créa bien un journal « Pilote » en 1929 – dont le logo d’inspiration maritime est d’ailleurs reproduit dans les pages, parmi tant d’autres inédits. Il faudra donc finalement attendre près de trente ans pour que les étoiles s’alignent, que les rapprochements se fassent, que les groupes se forment, de la World’s presse de Georges Troisfontaines à l’aventure d’Edifrance ou l’on retrouve Goscinny et Charlier.
C’est donc les années 1958-1959 qui marquent le vrai départ du « Paris Match pour jeunes », ainsi qu’il était pensé par ses créateurs. Deux gros chapitres lui sont consacrés avec un maximum de documents originaux reproduits, dont – entre autres pépites – la reproduction intégrale des pages des numéros zéro et du mythique numéro 1 !
L’histoire se poursuit jusqu’à la reprise en main de l’hebdomadaire par Georges Dargaud, en 1963, qui marquera l’envol de Pilote et le début de son véritable âge d’or, mais renverra les précurseurs dans l’ombre. Un oubli dont ils ressortent avec ce livre intéressant de bout en bout. Enfin, c’est avec émotion que l’on pourra lire la préface, signé Christian Godard, l’un des membres de l’aventure Pilote, décédé cet automne.
Une histoire de bande
Pour évoquer cette histoire de bande, il en fallait une autre. Un quatuor, en l’occurrence, gravitant déjà dans cet univers, autour de l’éditeur Michel Lebailly (ex-patron de la librairie Goscinny), avec Christian Kastelnik (auteur de René Goscinny et la brasserie… des copains, et qui portait ce projet depuis près de trente ans), Patrick Gaumer (spécialiste reconnu de la bande dessinée est déjà l’auteur des Années Pilote (Dargaud, 1996), du Dictionnaire mondial de la bande dessinée (Larousse) et Clément Lemoine (auteur de Goscinny à New York).
Ouvrage de passionnés autant que d’érudits, cette Naissance d’un journal n’est pour autant pas réservée aux seuls mordus de Pilote ou aux nostalgiques que le magazine qui le lisaient naguère. Au contraire, l’approche très large, à la fois historique et humaine du projet, en fait un livre passionnant pour se replonger dans ces trois décennies, des années 1930 aux années 1960.